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Alyah, une mitzvah ?(4)

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    [Yashar-Ël: Φᵢ(K)∝A(t)]~>
  • 13 janv. 2018
  • 50 min de lecture

Dernière mise à jour : 15 janv. 2018


La Mitzva de Yichouv Aarets -Habiter en Eretz Israël

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LA BIBLE

NOMBRES 13

CHELA'H-LEKHA LES EXPLORATEURS (MÉRAGUÉLIM) ENVOYÉS PAR MOCHÉ RABBENOU 1 L'Eternel parla ainsi à Moïse : 2 « Envoie toi-môme des hommes pour explorer le pays de Canaan, que je destine aux enfants d'Israël ; vous enverrez un homme respectivement par tribu paternelle, - tous éminents parmi eux. » 3 Et Moise les envoya du désert de Pharan, selon la parole de l'Eternel ; c'étaient tous personnages considérables entre les enfants d'Israël. 4 Et voici leurs noms : pour la tribu de Ruben, Chammoûa, fils de Zakkour ; 5 pour la tribu de Siméon, Chafat, fils de Hort ; 6 pour la tribu de Juda, Caleb, fils de Yefounné ; 7 Pour la tribu d'Issachar, Ylgal, fils de Joseph ; 8 pour la tribu d'Ephraim, Hochéa, fils de Noun ; 9 pour la tribu de Benjamin,Palti, fils de Rafou ; 10 pour la tribu de Zabulon, Gaddiel, fils de Sodi ; 11 pour la tribu de Joseph formant celle de Manassé, Gaddi, fils de Çouci ; 12 pour la tribu de Dan, Ammiel, fils de Ghemalli ; 13 pour la tribu d'Aser, Sethour, fils de Mikhaël ; 14 pour la tribu de Nephtali, Nahbi, fils de Vofsi ; 15 pour la tribu de Gad, Gheouêl, fils de Makhi. 16 Tels sont les noms des hommes que Moise envoya explorer la contrée. (Moise avait nommé Hochéa, fils de Noun: Josué.)

17 Moïse leur donna donc mission d'explorer le pays de Canaan, en leur disant « Dirigez-vous de ce côté, vers le sud, et gravissez la montagne. 18 Vous observerez l'aspect de ce pays et le, peuple qui l'occupe : s'il est robuste ou faible, peu nombreux ou considérable ; 19 quant au pays qu'il habite, s'il est bon ou mauvais ; comment sont les villes où Il demeure, des villes ouvertes ou des places fortes ; 20 quant au sol, s'il est gras ou maigre, s'il est boisé ou non. Tâchez aussi d'emporter quelques-uns des fruits du pays. » C'était alors la saison des premiers raisins.

21 Et ils s'en allèrent explorer le pays, depuis le désert de Cîn jusqu'à Rehob, vers Hémath. 22 lis s'acheminèrent du côté du midi, et l'on parvint jusqu'à Hébrôn, où demeuraient Ahimân, Chêchai et Talmai, descendants d'Anak. Hébrôn avait été bâtie sept ans avant Tanis d'Egypte. 23 Arrivés à la vallée d'Echkol, lis y coupèrent un sarment avec une grappe de raisin, qu'ils portèrent à deux au moyen d'une perche, de plus, quelques grenades et quelques figues. 24 0n nomma ce lieu vallée d'Echkol, à cause de la grappe qu'y avaient coupée les enfants d'Israël.

25 Ils revinrent de cette exploration du pays, au bout de quarante jours. 26 Ils allèrent trouver Moïse, Aaron et toute la communauté des enfants d'Israël, dans le désert de

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Pharan, à Kadêch. lis rendirent compte à eux et à toute la communauté, leur montrèrent les fruits de la contrée, 27 et lui firent ce récit : « Nous sommes entrés dans le pays où tu nous avals envoyés ; oui, vraiment, il ruisselle de lait et de miel, et voici de ses fruits. 28 Mais il est puissant le peuple qui habite ce pays ! puis, les villes sont fortifiées et très grandes, et même nous y avons vu des descendants d'Anak ! 29 Amalec habite la région du midi ; le Héthéen, le Jébuséen et l'Amorréen habitent la montagne, et le Cananéen occupe le littoral et la rive du Jourdain. »

30 Caleb fit taire le peuple soulevé contre Moïse, et dit : «Montons, montons-y et prenons-en possession, car certes nous en serons vainqueurs ! » 31 Mais les hommes qui étaient partis avec lui, dirent : « Nous ne pouvons marcher contre ce peuple, car il est plus fort que nous. » 32 Et ils décrièrent le pays qu'ils avaient exploré, en disant aux enfants d'Israël : « Le pays que nous avons parcouru pour l'explorer est un pays qui dévorerait ses habitants ; quant au peuple que nous y avons vu, ce sont tous gens de haute taille. 33 Nous y avons meme vu les Nefilim, les enfants d'Anak, descendants des Nefilim : nous etions à nos propres yeux comme des sauterelles, et ainsi etions-nous à leurs yeux. » 14 Alors toute la communauté se souleva en jetant des cris, et le peuple passa cette nuit à gémir. 2 Tous les enfants d'Israël murmurèrent contre Moïse et Aaron, et toute la communauté leur dit : « Que ne sommes-nous morts dans le pays d'Egypte, ou que ne mourons-nous dans ce désert ! 3 Et pour quoi l'Eternel nous mène-t-il dans ce pays-là, pour y périr par le glaive, nous voir ravir nos femmes et nos enfants? Certes, il vaut mieux pour nous retourner en Egypte. » 4 Et ils se dirent l'un à l'autre : « Donnons-nous un chef, et retournons en Egypte ! » 5 Moïse et Aaron tombèrent sur leur face devant toute l'assemblée réunie des enfants d'Israël. 6 Et Josué, fils de Noun, et Caleb, fils de Yefounné, qui avaient, eux aussi, exploré la contrée, déchirèrent leurs vêtements. 7lls parlèrent à toute la communauté des Israélites en ces termes : « Le pays que nous avons parcouru pour l'explorer, ce pays est bon, Il est excellent. 8 Si l'Eternel nous veut du bien, il saura nous faire entrer dans ce pays et nous le livrer, ce pays qui ruisselle de lait et de miel. 9 Mais ne vous mutinez point contre l'Eternel ; ne craignez point, vous, le peuple de ce pays, car ils seront notre pâture : leur ombre les a abandonnés et l'Eternel est avec nous, ne les craignez point 1 » 10 Or, toute la communauté se disposait à les lapider, lorsque la gloire divine apparut, dans la Tente d'assignation, à tous les enfants d'Israël.

11 Et l'Eternel dit à Moise : « Quand cessera ce peuple de m'outrager ? combien de temps manquera-t-il de confiance en mol, malgré tant de prodiges que j'ai opérés au milieu de lui ? 12 Je veux le frapper de la peste et l'anéantir, et te faire devenir toimême un peuple plus grand et plus puissant que celui-ci. » 13 Moïse répondit à l'Eternel : « Mais les Egyptiens ont su que tu as, par ta puissance, fait sortir ce peuple du milieu d'eux, 14 et ils l'ont dit aux habitants de ce pays-là ; Ils ont appris, Seigneur, que tu es au milieu de ce peuple, que celui qu'ils ont vu face à face, c'est toi-môme,

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Seigneur; que ta nuée plane au-dessus d'eux ; que, dans une colonne nébuleuse, tu les guides le jour, et, dans une colonne de feu, la nuit. 15 Et tu ferais mourir ce peuple comme un seul homme ! Mais ces nations, qui ont entendu parler de, toi, diront alors 16 « Parce que l'Eternel n'a pu faire entrer ce peuple dans le pays qu'il leur avait solennellement promis, il les a égorgés • dans le désert. » 17 Maintenant donc, de grâce, que la puissance d'Adonaï se déploie, comme tu l'as déclaré en disant 18 « L'Eternel est plein de longanimité et de bienveillance ; il supporte le crime et la rébellion, saris toutefois les absoudre, faisant justice du crime des pères sur les enfants jusqu'à » la troisième et à la quatrième génération. » 19 Oh ! pardonne le crime de ce peuple selon ta clémence infinie, et comme tu as pardonné à ce peuple depuis l'Egypte jusqu'ici ! » 20 L'Eternel répondit : « Je pardonne, selon ta demande. 21 Mais, aussi vrai que je suis vivant et que la majesté de l'Eternel remplit toute la terre, 22 tous ces hommes qui ont vu ma gloire et mes prodiges, en Egypte et dans le désert, et qui m'ont tenté dix fois déjà, et n'ont pas obéi à ma voix, 23 jamais ils ne verront ce pays que j'ai promis par serment à leurs aïeux ; eux tous qui m'ont outragé, ils ne le verront point ! 24 Pour mon serviteur Caleb, attendu qu'il a été animé d'un esprit différent et m'est resté pleinement fidèle, je le ferai entrer dans le pays où il a pénétré, et sa postérité le possédera. 250r, l'Amalécite et le Cananéen occupent la vallée : demain, changez de direction et partez pour le désert, du côté de la mer des Joncs. »

26 L'Eternel parla à Moïse et à Aaron, en disant : 27 « Jusqu'à quand tolérerai-je cette communauté perverse et ses murmures contre moi ? Car les murmures que les enfants d'Israël profèrent contre mol, je les ai entendus. 28 Dis-leur : Vrai comme je vis, a dit l'Eternel 1 selon les propres paroles que j'ai entendues de vous, ainsi vous ferai-je. 29 Vos cadavres resteront dans ce désert, vous tous qui avez été dénombrés, tous tant que vous êtes, âgés de vingt ans et au-delà, qui avez murmuré contre moi ! 30 Jamais vous n'entrerez, vous, dans ce pays où j'avais solennellement promis de vous établir ! Il n'y aura d'exception que pour Caleb, fils de Yefounné, et Josué, fils de Noun. 31 Vos enfants aussi, dont vous disiez : « Ils nous seront ravis », je les y amènerai, et ils connaîtront ce pays dont vous n'avez point voulu. 32 Mais vos cadavres, à vous, pourriront dans ce désert. 33 Vos enfants Iront errant dans le désert, quarante années, expiant vos Infidélités, jusqu'à ce que le désert ait reçu toutes vos dépouilles. 34 Selon le nombre de jours que vous avez exploré le pays, autant de jours autant d'années vous porterez la peine de vos crimes, partant quarante années ; et vous connaîtrez les effets de mon hostilité. 35 Mol, l'Eternel, je le déclare : oui, c'est ainsi que j'en userai avec toute cette communauté perverse, ameutée contre moi. C'est dans ce désert qu'elle prendra fin, c'est là qu'elle doit mourir. » 36 De fait, les hommes que Moïse avait envoyés explorer le pays, et qui, de retour, avaient fait murmurer contre lui toute la communauté en décriant ce pays, 37 ces hommes, qui avaient débité de méchants propos sur le pays, périrent frappés par le Seigneur. 38 Josué, fils de Noun, et Caleb, fils de Yefounné, furent seuls épargnés, entre ces hommes qui étaient allés explorer le pays. 39 Moïse rapporta ces paroles à tous les enfants d'Israël ; et le peuple s'en affligea fort. 40 Puis, le lendemain de bon matin, ils se dirigèrent vers le sommet de la

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montagne, disant : « Nous sommes prêts à marcher vers le lieu que l'Eternel a désigné, car nous avons péché. » 41 Moïse leur dit : « Pourquoi transgressez-vous la parole de l'Éternel ? Cela ne vous réussira point ! 42 N'y montez pas, car l'Eternel n'est pas au milieu de vous ; ne vous livrez pas aux coups de vos ennemis. 43 Car l'Amalécite et le Cananéen sont là sur votre chemin, et vous tomberiez sous leur glaive ; aussi bien, vous vous êtes éloignés de l'Eternel, l'Eternel ne sera point avec vous ! » 44 Mais ils s'obstinèrent à monter au sommet de la montagne ; cependant, ni l'arche d'alliance du Seigneur ni Moïse ne bougèrent du milieu du camp. 45 L'Amalécite et le Cananéen, qui habitaient sur cette montagne, en descendirent, les battirent et les taillèrent en pièces jusqu'à Horma.

... Et tu observeras les commandements de l'Eternel, ton Dieu, en marchant dans ses voies et en le révérant. Car l'Eternel, ton Dieu, te conduit dans un pays fortuné, un pays plein de cours d'eau, de sources et de torrents, qui s'épandent dans la vallée ou sur la montagne; un pays qui produit le froment et l'orge, le raisin, la figue et la grenade, l'olive huileuse et le miel; un pays où tu ne mangeras pas ton pain avec parcimonie, où tu ne manqueras de rien; les cailloux y sont du fer et de ses montagnes tu extrairas du cuivre. Tu jouiras de ces biens, tu t'en rassasieras. Rends grâce alors à l'Eternel, ton Dieu, du bon pays qu'il t'aura donné! (Deutéronome 8, 6-10)

ISAIE 62 62 Pour l'amour de Sion, je ne garderai pas le silence, pour Jérusalem je n'aurai point de repos, que son salut n'ait éclaté comme un jet de lumière, et sa victoire comme une torche allumée. 2 Alors les peuples seront témoins de ton triomphe et tous les rois de ta gloire, et on t'appellera d'un nom nouveau, qu'aura désigné la bouche de l'Eternel. 3 Et tu seras une couronne glorieuse aux mains de l'Eternel, et un diadème royal dans la paume de ton Dieu. 4 Tu ne seras plus nommée la Délaissée et ta terre ne s'appellera plus Solitude…

Ezékiel 36

C'est pourquoi, montagnes d'Israël, écoutez la parole de l'Eternel Dieu: "Ainsi parle l'Éternel Dieu aux montagnes et aux collines, aux ravins et aux vallées, aux ruines désolées et aux villes délaissées, qui sont devenues la proie et la risée des autres nations établies alentour. Oui, ainsi parle l'Eternel Dieu: "J'en jure, dans le feu de mon ressentiment. J'ai prononcé sur les autres nations et sur Edome tout entier, qui se sont adjugé mon pays en héritage, dans toute la joie de leur coeur et l'insolence de leur âme, pour y faire le vide et le mettre à sac. Donc, prophétise sur la terre d'Israël et dis aux montagnes et aux collines, aux ravins et aux vallées: Ainsi parle l'Eternel Dieu: "Voilà que dans mon ressentiment et dans ma colère, j'ai prononcé, parce que vous avez subi l'opprobre des nations". Donc, ainsi parle l'Eternel Dieu: "Moi, j'en lève la main, oui, les

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nations que vous avez autour de vous, ce sont elles qui subiront leur opprobre! Et vous, montagnes d'Israël, vous donnerez votre frondaison et porterez votre fruit pour mon peuple Israël, car ils sont près de revenir. Car me voici venir vers vous. Je me tournerai de votre côté; et vous serez cultivées et ensemencées. Je multiplierai sur vous la population, la maison d'Israël tout entière; les villes seront repeuplées et les ruines rebâties. Je multiplierai sur vous hommes et bêtes; ils foisonneront et fructifieront. Je vous repeuplerai comme dans les temps d'autrefois et vous ferai plus de bien qu'à vos débuts: vous saurez ainsi que je suis l'Eternel. Et je ferai circuler sur vous des hommes, mon peuple Israël. Ils reprendront possession de toi, tu seras leur héritage, et tu ne continueras plus à les décimer." (Ezékiel 36, 4-12)

Psaume 137

Sur les rives des fleuves de Babylone, là nous nous assîmes, et nous pleurâmes au souvenir de Sion. 2Aux saules qui les bordent, nous suspendîmes nos harpes ; 3 car là nos martres nous demandaient des hymnes, nos oppresseurs des chants de joie. «Chantez-nous [disaient-Ils], un des cantiques de Sion » 4 Comment chanterions-nous l'hymne de l'Eternel en terre étrangère ? 5 Si je t'oublie jamais, Jérusalem, que ma droite me refuse son service (105)l 8 Que ma langue s'attache à mon palais, si je ne me souviens toujours de toi, si je ne place Jérusalem au sommet de toutes mes joies ¡ 7 Souviens-toi, Seigneur, pour la perte des fils d'Edom, du jour [fatal] de Jérusalem, où lis disaient : « Démolissez-la, démolissez-la, jusqu'en ses fondements I » 8 Fille de Babel, vouée à la ruine, heureux qui te rendra le mal que tu nous as fait ! 9 Heureux qui saisira tes petits et les brisera contre le rocher!

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LA PARACHA DES MÉRAGLIM Après la sortie d'Egypte, et même après le don de la Torah, quand nous nous élevons de niveau en niveau, nous arrivons à une épreuve des plus grandes, celle du lachone harâ, la médisance. Elle va se développer en cette paracha, non plus seulement dans l'élite d'excellence mais davantage encore parmi les chefs et dans le peuple lui-même. Nous allons comprendre cette plaie de toute la vie sociale, spécialement dans le domaine politique et dans les débats encore actuels sur la terre d'Israël.

Les thèmes de la paracha Le chapitre 13 du livre Bémidbar, Les Nombres, rapporte la péripétie étrange des explorateurs (les méraglim) envoyés examiner les caractéristiques de la terre de Canaan, Qanaâne. Ils ont porté un témoignage dont le but était de détourner le peuple de se rendre dans la terre promise, pour de multiples motifs. Le chapitre 14 décrit le drame qui s’ensuivit, les plaintes du peuple, la chute de Moché et Aharone sur leur face aux yeux de tout le peuple, l’intervention courageuse de Yehoshua et Caleb qui faillirent être lapidés, la colère de Hachém, la supplication de Moché, la punition du peuple qui devra mourir dans le désert. Les importants personnages qui avaient fomenté tout cela en disant du mal de la terre d'Israël périrent par des plaies. Ils reconnurent la faute mais leur obstination conduisit le peuple à la défaite face aux ennemis.

Le lachone-harâ, la médisance L’épisode étrange des explorateurs (les méraglim) a suscité la perspicacité des commentateurs qui ont cherché à comprendre l’enseignement que la Torah veut nous y transmettre ; c’est l’occasion pour nous de découvrir, devant un texte qui ne livre pas facilement ses clefs, comment procèdent nos Sages pour appréhender le sens de la Torah. Rachi, reprenant le Middrache Tan’houma, trouve le sens dans la succession des épisodes (ce que l'on appelle la sémikhoute : ce passage vient après celui de Myriam. Rachi qualifie de réchaïm (mauvais) ces princes d’Israël qui n’ont tiré aucune leçon des désastres causés par la médisance et son ton vif s’appuie sur les middrachim montrant la déception et la colère de Hachém devant le manque de confiance du peuple envers Ses bonnes promesses.

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A cause de cela, survient alors une dynamique particulière comme elle le fut pour Pharaon : devant l'horreur de l'acte, Hachém fera que ces hommes persévèreront jusqu’à leur perte. Rachi attire notre attention sur l’immense responsabilité qui est entre nos mains pour orienter, soit vers le meilleur soit vers le pire, toute l’histoire des hommes : il explique cela quand il écrit au verset 13, 20 (s’il y a des arbres, hayéche ba êts) et il dit : “s’il y a parmi eux un adam cachér qui veille sur eux et les protège par son mérite (im yéche baém adam cachér chémaguén âléhém bizékhouto).

La tactique de la médisance En ce sens, nous trouvons dans le traité Sota, pages 33 à 35, une longue analyse de ces comportements humains des explorateurs, les méraglim ; on pourra s’y reporter. Par exemple, à propos du verset 27 (“voici ce qu’ils racontèrent et dirent : nous sommes venus vers cette terre où Tu nous as envoyés : vraiment, elle ruisselle de lait et de miel et voici un de ses fruits ; mais tout cela n’est rien car puissant est le peuple qui est installé dans cette terre”). Ribbi Yo’hanane dit au nom de Ribbi Méïr : kol lachone harâ ché éine bo devar éméte bité’hila éine mitqayém bésofo, “dans la médisance, le lachone harâ, si on ne dit pas d’abord des choses vraies avant d’avancer les mensonges, le procédé ne sera pas efficace” (Traité Sota 35 a). Cette analyse est précise et combien juste ; c'est un enseignement qui doit nous inciter à la vigilance envers nos propres propos ou envers ceux d’autrui sur la pente meurtrière du lachone-harâ.

Nos Sages ajoutent aussi, en ce sens, que le lachone harâ se déguise en nécessité de parler ainsi pour le respect et l’amour du ciel !

RÉFLÉCHISSONS UN INSTANT AUX MULTIPLES FORMES ACTUELLES DE CE COMPORTEMENT DE LACHONE HA RÂ DES EXPLORATEURS CONTRE ISRAËL DANS NOTRE PEUPLE :

- n'allez pas en Israël, vous n'y trouverez pas le niveau de cachroute, de tsénioute (pudeur), d'étude, d'éducation juive, de respect du Chabbate que vous avez ici hors d'Israël, - préparez-vous encore, dans l'étude, en amassant plus d'argent, en allant jusqu'à votre retraite, en ne vous séparant pas de vos amis ni de vos familles ni de vos rabbins,

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- vous ne pourrez jamais vous y exprimer aussi bien qu'en français ou en anglais, espagnol, italien, etc., - vous n'y aurez pas toute la culture dont vous bénéficiez, ni tous les services de santé ou d'éducation, - vous rencontrerez une immoralité inadmissible sur la terre d'Israël alors qu'on peut la comprendre et la supporter ailleurs, - vous n'aurez pas des communautés si riches d'activités, de belles synagogues, de fêtes, d'argent, d'honneur, - vous ne serez pas respectés en fonction de toute votre carrière, - vous vivrez dans une tension et une menace insupportables, - vous serez en butte à l'antisémitisme des laïcs, au fanatisme d'ultras religieux, au mépris de la tradition par des nouvelles générations incultes, - vous n'aurez à quitter, pour monter en Israël, que quand les rabbins monteront ou nous diront que les temps sont venus, ou que l'antisémitisme est trop dangereux, mais rien ne cela n'est à l'horizon, - il n'y a pas de place pour tous le monde, pour tous les métiers, - nos ennemis sont trop nombreux autour d'Israël, - etc. etc. les arguments sont sans fin pour nous dire que le programme proposé par la Torah de Moché Rabbénou sur la terre d'Israël n'a pas à être appliquée vraiment, que Israël peut être vue à distance comme un film palpitant qui fait vibrer le coeur, en disant aux Israéliens lors des voyages : "quelle chance vous avez de vivre là. Mais pour nous, ce n'est pas maintenant". Tout cela est exactement la version moderne et contemporaine des explorateurs. Ecoutons ce qu'en disent nos Sages.

Les victimes du lachone harâ L’épisode des explorateurs nous démontre sur pièces ce qu’est ce lachone harâ dont les Sages parviendront plus tard à formuler l’équation précise : “il tue trois personnes : l’émetteur, le récepteur qui l’entend et la victime” (lachone harâ horéguéte chelocha : haomero, véhaméqabbélo véchénéémar âlav ; Devarim Rabba 8, 10; Cho’ham Tov 12, 2; Tan’houma ‘Houqate 4). Le lachone harâ équivaut à lui seul à l’idolâtrie, âvoda zara, à verser le sang et à pratiquer les abominations sexuelles (Ârakhine 15 b). Il ne tue pas seulement sur place mais il extermine à distance (Béréchite Rabba 98, 3) dans le temps et dans l’espace. Et il le fait avec plus d'efficacité et d'horreur que le meurtre qui répand le sang de la victime, plus que l'inceste et plus que l'idôlatrie (qaché michéfikhoute damim ou miguilouyé ârayote ou mé âvoda zara.Tan'houma, Métsora 2)

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Il fallait que cet enseignement nous soit donné par la Torah à propos des plus grands Sages eux-mêmes car sans cela nous, les hommes moyens, nous aurions toujours pu dire que cela ne concerne que les plus mauvais des hommes ; au contraire, cet épisode nous apprend que plus on se rapproche de la sainteté et plus le danger du lachone harâ existe.

L'épreuve de la âliah

1. Les faits apparents C'est en ce sens que Ribbi Yaâqov Abou'hatséira comprend l'ordre donné aux méraglim d'aller voir la terre d'Israël (ouréitém éte haaréts, 13, 18) : il dit que plus il y a de qéddoucha, de sainteté, plus son enveloppe protectrice est épaisse, et plus autour d'elle la toumea (impureté) s'accumule, ce qui n'est pas le cas hors d'Israël. Nous le voyons encore aujourd'hui : la sainteté d'Israël et de la terre d'Israël est l'occasion d'une vague déferlante incessante d'accusations et tous ceux qui en parlent au niveau de ce qu'elle est (-dans son essence reliée à la présence de D.ieu sur cette terre parmi Son peuple, - dans sa fonction de bénédiction pour tous les peuples par ceux qui cherchent à y respecter la Torah intégrale, - comme foyer de réunion du peuple d'Israël dispersé et manifestant dans sa diversité une seule Torah) ne reçoivent que des qualificatifs de mépris. Sans cesse, un langage double s'exprime : on loue son excellence pour l'accaparer et quand des Juifs disent ce qu'elle est tel que cela est dit dans le seul texte qui le révèle, ils sont méprisés, traités de fanatisme. Un autre procédé est également utilisé: une campagne continue de désinformation mensongère s'exerce pour ramener cette terre au niveau de ce que sont toutes les autres pour la dépecer. Mais le peuple témoin depuis 3500 ans et porteur du contrat d'authenticité reste fidèle. De l'intérieur aussi, sans cesse des voix crient : cédons, les autres nations sont trop fortes, et nous ne pouvons pas les contrarier ; il faut vraiment lire les versets 13, 2732. Ce n'est pas un programme politique, c'est la Torah, c'est le rapport d'Israël et des peuples, c'est surtout ce qui est demandé par Hachém depuis ces 3500 ans du don de la Torah, cela est écrit explicitement. La problématique n'a pas changé. Mais, toujours, comme le dirent les explorateurs (méraglim), les opposants disent : maintenant les conditions sont différentes, il faut céder aux autres peuples.

Heureusement, nous avons des siècles d'apprentissage à la clairvoyance, nous avons

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surtout ces 35 siècles de fidélité de tous nos ancêtres. Les quelques chantres actuels du dépeçage d'Israël sont bien peu de choses même s'ils croient que le fait de tenir les médias leur assure la victoire. Il ne leur restera dans l'Histoire que la honte de ce qu'ils ont tenté de réaliser au mépris des engagements de fidélité de toutes les générations passées. De l'intérieur aussi, d'autres voix crient : vous venez en Israël avec un idéal, avec l'idéal juif, mais nous sommes ici avant vous et ce que nous voulons construire, c'est un Etat post-sioniste à l'américaine fondé sur les valeurs d'argent, de technique, de profit sauvage, de groupes d'intérêts, mais hors de tout nationalisme et hors des valeurs religieuses.

2. La rencontre des écorces de la terre d'Israël Ribbi Yaâqov Abou'hatséira commente l'épisode des explorateurs ; ce qui nous y choque par la brutalité devient clair sous l'enseignement de la Torah : - la terre d'Israël est le véhicule terrestre qui doit synthétiser tous les quatre mondes de la sainteté qui nous sont transmis. L'unité qui en sera fait dépend de nous, c'est aussi notre tâche en y vivant selon la Torah. (voir Ets ha'hayim 50, 1). Ces quatre mondes présents sur la terre d'Israël ont un dosage différent dans ce qui bloque la sainteté et ce qui l'épanouit.

- le premier niveau de rencontre pour le Juif qui "monte" en terre d'Israël est le niveau de l'action, "âssia". C'est le portail inévitable et il est constitué en majeure partie de ce qui est presque totalement dureté, fermeture (qlipote), refus de la vie et attaques sur tous les plans de la part des forces adverses (méqatréguim); par contre, les forces de qédoucha y rencontrent de grands blocages. Au départ, cet état est inconnu et imprévu, nous le constatons, pour ceux qui ont fait de leur âliah un film idéal vers la bonne terre promise et qui découvrent la dure réalité. Alors, souvent, ils accusent la génération actuelle, ils crient à la duperie, à l'immoralité, à l'exploitation, à la perdition ; beaucoup s'effondrent, beaucoup fuient avant de se sentir détruits, beaucoup abandonnent l'idéal initial et se fondent par fatigue dans la médiocrité ambiante et surtout dans la violence réciproque, se contentant de penser que le rêve s'écroule d'autant que les ennemis relèvent la tête, et que de l'intérieur ceux qui ont le pouvoir ne semblent rêver que de faire approcher nos ennemis vers le coeur d'Israël qu'ils disent explicitement vouloir détruire et accaparer. On crie à la folie, beaucoup pensent que cela se terminera par une tragédie face à l'ennemi ou entre nous. Rares sont encore ceux qui croient au mythe de l'armée la plus forte pour faire entendre raison aux combattants suicidaires et

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déterminés. Un drame personnel commence chez le "ôlé 'haddache", le nouvel immigrant. Il ne sait pas qu'il a rencontré la klipa, l'écorce qui enferme le fruit, au risque de le déssécher. Il se met à envier ceux qui restent au loin dans leur doux rêve.

Ribbi Yaâqov Abou'hatséira nous avertit que ces écorces sont puissantes, rejettent (do'him), accusent (méqatréguim) et veulent expulser de l'existence même (mévaqechim léovdo mine ha ôlam). On comprend maintenant les épreuves, souvent très grandes, des immigrants et ce que dit la tradition (Talmud Berakhot 5ª) que "la terre d'Israël s'acquiert par des tourments". C'est cela que veut dire le verset 13, 18 : "voyez si ce peuple est peu nombreux ou considérable". C'est un examen rigoureux de la situation de l'adversaire auquel nous invite la Torah. il faudra bien analyser ces caractéristiques-là qui sont celles de la terre d'Israël, qédoucha enfermée dans des écorces ou qlipotes. Cet examen est le sens de la prise de conscience demandée par Moché aux explorateurs : allez et examinez comment elle est, si elle est forte ou non, si les habitants sont forts ou non. Moché proscrit ainsi toute alyah irréfléchie, irréaliste, insconsciente des difficultés, inconsciente de ces conflits où le mal, les crises physiques, financières, morales risqueront de faire fléchir les plus grands courages. Combien de conquérants se sont cassés sur cette terre. La Torah nous en avertit et nous montre le pourquoi. Ce n'est pas seulement une difficulté, ce n'est pas médire de la terre, c'est avancer dans la science de la mission que nous avons à y accomplir, une mission très haute, et cette connaissance est la condition pour y réussir. Et nous le pouvons, réussir, à ces seules conditions.

3. La réaction positive de l'immigrant qui "monte" vers la terre d'Israël Ribbi Yaâqov Abou'hatséira nous enseigne encore que pour vaincre la dureté de cette écorce en ce premier niveau de la âssia (action), il faudra se munir de certaines qualités : être fort ('hazaq), attaquant (taqif), combattant ('hail), un héros de force (guibor coa'h) pour que les écorces ne prennent pas le dessus et ne repoussent pas l'immigrant, pour qu'il ait la force d'entrer (coa'h léhikaness) et de s'y tenir debout (coa'h laâmod).

Celui qui souhaite y entrer devra s'examiner pour apprécier s'il peut affronter ce programme ou non dans ce lieu de danger (bé méqom sakana), soupeser ses capacités (lichkol âtsmo), réfléchir comment il est (léhitbonén qétsad hou) et bien savoir (ladaâte) s'il veut vraiment y entrer ou non.

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La condition de la réussite Cela est indispensable mais non pas suffisant : en effet, seulement s'il sort du mal en tout et s'il s'efforce de faire le bien à travers les mitsvotes, il parviendra à contrer ces écorces. Au contraire, s'il ne vit pas selon la Torah, les écorces le repousseront de ce monde où la sainteté ne se révèle qu'à travers ce combat moral de l'homme.

Et il y sera toujours ainsi jugé (nivdaq). Et jamais il n'y aura de repos car il devra monter de marche en marche (mi madréga lé madréga) ensuite vers la sainteté avec une très grande attention (zéhiroute). C'est pour cela qu'il est dit à Yehoshua 5 fois d'être fort et courageux ('hazaq vé émats, au début du livre de Yehoshua), car cette forte dynamique est la condition sine qua non de la percée sur cette terre où la qédoucha est encore bloquée (l'état désastreux et cynique du monde le prouve). Résumons, Ribbi Yaâqov Abou'hatséira dit que seule une force consciente, active et attaquante peut y réussir. - être revêtu d'une force considérable (le mot koa'h a des sens très élevés) pour parvenir à vivre sur la terre d'Israël, - éviter tout mal (précisé par les mitsvotes lo taâssé ou négatives), - pratiquer le bien (précisé par les mitsvotes aâssé ou positives), - avancer dans une purification continue. Mais, ce ne sera qu'une étape car, lorsque nous monterons de niveau pour vivre dans la plénitude de sainteté de la terre d'Israël, nous aurons encore 3 autres niveaux à franchir comme dans la prière du matin (mondes de la formation, création et atsiloute). Et, selon le même principe, les écorces seront encore difficiles à vaincre et à franchir dans la montée vers la qédoucha. Voilà pourquoi il est tant dit à Yehoshua, au début de son livre, qu'il devra être fort pour entrer dans la terre et pour y conduire le peuple. Cela est décrit par de nombreuses formules dans la Torah et dans le Talmud : - il faudra toujours monter de marche en marche (mi madrégua lé madrégua), ou de force en force (mi 'haïl el 'haïl, Psaume 84), ou "pour les justes, il n'y a pas de repos ni dans ce monde-ci ni dans le monde à venir". On le voit, le judaïsme a une science séculaire de ce retour à Sion, de la fonction de la terre d'Israël, des épreuves qui nous y attendent mais quel réconfort de découvrir avec précision ce qui nous avait été enseigné, puis la pédagogie fine qui doit nous soutenir. De même, le but nous a été enseigné et "il ne ment pas le vainqueur éternel d'Israël" (I Samuel 15, 29). Cette science qui nous révèle le sens de l'épisode des explorateurs, Ribbi Yaâqov Abou'hatséira l'a puisée dans la tradition qui remonte au livre Ets 'hayim

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(50, 1) du Ari sur le sens de la terre d'Israël et la tâche qui nous est demandée. Il y est décrit, en particulierm combien tout ce programme est à réaliser dans la prière du matin. Celui qui lira attentivement la prière après le repas y découvrira les mêmes dimensions. Tout cela est contenu dans le verset 13, 18 de notre paracha (lisez-le).

Le rôle de Yehoshua C'est pour cela qu'il est dit à Yehoshua 3 fois d'être fort et courageux (au début du livre de Yehoshua), car cette forte dynamique est la condition sine qua non de la percée sur cette terre où la qédoucha est encore bloquée (l'état désastreux et cynique du monde le prouve). Ribbi Yaâqov Abou'hatséira dit que seule une force active et attaquante peut y réussir. Yehoshua était apte à recevoir cette triple force qui le rapproche de Moché (fort, 'hazaq, en hébreu a la valeur de 115; or le mot est répété trois fois, donc 115 x 3 = 345 qui est la guématria de "Moché") C'est pour que Yehoshua atteigne ce niveau que Moché a transformé son nom Yeshoua en pour y intégrer toute la force et la lumière et toute la présence des lettres du nom de Hachém. En effet, les 3 premières lettres de son nom sont celles du nom Hachém ; les 2 lettres suivantes sont le nombre des lumières qui diffusent la présence divine en ce monde.

Certes, la lumière peinera à percer, pour chacun, comme au sortir de la nuit. Nous sommes encore, ensemble, comme les explorateurs en ce désert, incertains de la vraie lumière de notre terre.

Nous ne sommes pas comme Yehoshua qui en recevait toute la lumière car il était pur et seulement réceptivité. Nous argumentons comme les explorateurs, en utilisant tous les arguments des idéologies étrangères, autres dieux respectables des autres nations. Le Talmud dit que nous avons inévitablement les "dieux" des lieux où nous habitons : "vivre hors de la terre d'Israël équivaut à servir des dieux étrangers" (Kétouvote 111a).

Cela se produit également quand on vit sur cette terre d'Israël en faisant tout pour que le regard y voie seulement une autre terre. Ce même regard falsificateur peut être porté de très loin également quand on veut lui appliquer une politique reposant sur d'autres valeurs, celles d'une autre terre.

C'est justement parce que Moché était soleil, totalement dans la lumière de la terre

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d'En-haut, dit Ribbi Yaâqov Abou'hatséra, qu'il n'a pas pu entrer dans cette terre (terrestre) où la lumière divine n'est pas encore dévoilée. Moché a vu "toute" la terre (terrestre d'Israël dans toute sa plénitude divine), Dévarim 34, 2. Seul Yehoshua convenait au niveau de cette lumière partielle de lune, comme la lune reflète la lumière du soleil.

Assumer ou non la terre d'Israël, le débat selon le Chla On pourrait presque dire, en langage d’aujourd’hui : “à quoi joue-t-on ?” dans cette histoire curieuse, tant cet épisode est plein de questions. Le Chla rassemble les débats (qouchiyotes) qu’il a trouvés chez les grands commentateurs: 1- quelle faute les explorateurs auraient-ils accomplie en demandant de partir examiner la situation sur le terrain, puisque Moché lui-même leur donne une liste de missions à y réaliser et de points sur lesquels ils auront à présenter leur rapport (13, 18-20)? 2- peut-on les accuser de faire un rapport terrifiant alors que Moché leur a demandé de rapporter les choses telles qu’elles sont? 3- peut-on leur rapprocher ce rapport qui a démoralisé le peuple alors que Moché luimême abonde en leur sens en Dévarim 9, 1 : “écoute Israël, tu franchis maintenant le Jourdain pour aller déposséder des nations plus grandes et plus puissantes que toi aux villes importantes dont les remparts touchent le ciel, une peuplade nombreuse et géante, etc”? 4- où est la faute de ces hommes puisqu’il apparaît que Hachém les a envoyés intentionnellement pour qu’ils échouent dans cette mission? 5- pourquoi est-il indiqué seulement en Dévarim 1, 22 que c’est le peuple qui a demandé l’envoi de cette mission et non Moché lui-même? 6- pourquoi Moché a-t-il envoyé douze explorateurs et non pas seulement deux comme dans l’exploration de Jéricho? 7- Pourquoi des verbes différents sont-ils utilisés pour décrire leur tâche au long des versets (laréguél, latour, la'hpor)? 8- pourquoi et comment ces hommes qui étaient des grands Sages en Israël sont-ils devenus ce qu’ils nous apparaissent au cours du récit? 9- si les verbes du verset 13, 26 vayélkhou,vayavoou (“ils allèrent et ils revinrent vers Moché et vers Aharone”) indiquent qu’ils sont revenus aussi mauvais qu’ils n’étaient partis, comment une telle corruption a-t-elle été possible dès le début et avec une telle persévérance ? D’autant que les méraglim sont présentés comme les plus éminents des fils d’Israël (rachéi béné yisrael)?

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10- pourquoi, si Moché les estimait dignes, a-t-il seulement prié pour Yehoshua ? 11- pourquoi a-t-il seulement prié pour Yehoshua, et non pour Caleb ? 12- pourquoi la Torah répète t-elle deux fois: "voici leurs noms" (13, 4 et 13, 16)? 13- comment peut-on admettre l’idée qu’ils aient pu préférer rester dans le désert, même si on sait que le pécheur faute simplement par un esprit de folie qui l’a envahi? Cette liste de questions apportée par le Chla est impressionnante et elle nous enseigne d’abord que la compréhension des situations humaines et saintes comporte : - la prise en compte de nombreux paramètres obscurs, - la mise en relations complexes des dimensions présentes, - la prudence et le temps dans l’examen des questions.

La liste des réponses possibles est également impressionnante Elle nous éclaire sur les responsabilités des informateurs, formateurs de l'opinion dans une société. Cela était déjà perçu avec évidence. 1- Leur rapport était strictement exact ; mais c’est la seule insistance sur quelques points à l’intérieur de la présentation de l'ensemble qui falsifiait le rapport aux oreilles des auditeurs ; voilà qui nous éclaire sur l’un des procédés constants de la falsification dans les médias, spécialement en ce qui concerne Israël aussi bien chez nous qu’à l’étranger. Ainsi, les méraglim n’ont pas dit simplement que le peuple d'en face était puissant mais ils ont utilisé ensuite le mot éfés (zéro, nul) qui indique l’aspect absolu contre lequel on ne peut “rien”. C’est cela qui démoralisait le peuple.

2- L’auteur de Aqédate Yits’haq dit que les méraglim devaient ne faire qu’un rapport et ne pas en tirer des conclusions, des interprétations et conseils (de là, on apprend que le respect du bon fonctionnement de la vie sociale est une règle majeure que peu respectent aujourd’hui derrière le prétexte que la démocratie est le pouvoir de tous et de chacun de trancher de tout envers tous, ce qui est l’anarchie et non la démocratie) : leur faute était condamnable même dans le cas où ils n’auraient pas utilisé le mot extrême éfés (zéro). L'auteur refuse la confusion de l'information et du commentaire inducteur.

3- L’emploi de ce mot éfés donnait à entendre au peuple que, en dépît de toutes les promesses de Hachém, la “réalité brute” l’emporterait sur Lui. C'est là la faute. Au contraire, ils auraient dû alors penser et dire ce que l’on trouvera en Dévarim 7, 17 (allez le lire)... : “peut-être diras-tu en ton cœur : ces nations sont plus nombreuses que moi... mais ne les crains pas, souviens-toi sans cesse de ce que Hachém ton Eloqim a

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fait à Pharaon”.... En ce sens, l’autorisation de Hachém et de Moché d’envoyer ces espions peut se comprendre comme un exercice éducatif qui entraine à l’avance le peuple à découvrir une dure réalité et à la surmonter par la véritable confiance, émouna. Mais c’est là, sur ce point, que ces grands d’Israël eux-mêmes ont failli, ce qui est pour nous une mise en garde grave sur ce qui peut se produire à nouveau pour les plus grands ou pour chacun dans son niveau le meilleur, aujourd'hui. Le Chla montre que cette éventualité se produit par une disjonction entre le cœur et la pensée que traduit le mot véyatourou (et vous errerez, Bémidbar 13, 2).

4- une autre erreur des explorateurs était de se placer en analystes des seules conditions objectives, ne prenant pas en compte la donnée “objective” que Hachém fait des miracles pour son peuple... quand celui-ci se comporte comme il faut. 5- Ribbi ‘Hiya bar Abba (traité Sota 34 b) se base sur le nom de ces explorateurs pour prouver que leur seul but était de trouver des défauts à la terre d’Israël (alors que le peuple voulait simplement savoir si les aspects négatifs que l’on en disait était exacts). Combien se comportent ainsi concernant la bonne terre d’Israël et s’allient à ses ennemis pour justifier leur non présence sur la terre qui leur a été remise en héritage, à partir des défauts de ce qui s'y passe chez nous sur certains points ou de la justesse des arguments adverses sur certains points. Nous allons voir également combien le trait suivant est actuel en nous ou chez des leaders politiques ou religieux dans notre peuple.

6- le but des explorateurs était de prolonger le séjour du peuple dans le désert, éloignement de l'objectif, la terre d'Israël ; en effet, princes dans le désert, ils ne le seraient probablement pas restés le jour où le Temple eût été bâti. Bamidbar Rabba 16 lit en ce sens le fait qu’ils étaient éminents “concernant cette heure et ce temps seulement” dans le désert. Ce problème peut se jouer pour nous sur de nombreux plans. Combien voyons-nous, à l'approche d'échéances électorales, les dirigeants changer de partis et de couleur idéologique, ou les généraux faire le tour des partis et prêts à défendre les causes les plus divergentes sur la seule promesse du poste le plus assuré de leader. Et jouer ensuite ce rôle. La Torah nous enseigne sur l'homme éternel.En effet, aujourd'hui aussi, des rabbins ou des leaders de mouvements juifs ou de communautés, ou des leaders sociaux ou professionnels penvent hésiter à monter en Israël ou à inciter les autres à y monter pour exactement le même motif.

7- Le Zohar laisse entendre qu’avant même de partir en mission, les explorateurs

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avaient l’espoir de trouver des obstacles sur place pour le motif qu'ils voulaient invoquer, journalistes falsificateurs. Cela nous enseigne combien les ambitions humaines peuvent subitement pervertir les plus nobles personnages, et chacun, en ses plus nobles niveaux. Au sens propre, ils étaient mus par des “pré-jugés” et ils sont revenus comme ils étaient partis avec ces mêmes jugement préalables négatifs et arrêtés. Combien d'informateurs écrivent le même article avant et après leur examen sur place dans un pays. L'article était déjà écrit dans la tête, dans le coeur et dans les mains, et la réalité importe peu. Il faut ici relire le psaume 15. Le pré-jugé qui dominait chez ces explorateurs, toute valeur, était leur propre honneur, comme ce fut le cas pour Bileam.

8- Le Chla montre par là que le Satane ne pousse pas à commettre des fautes "monstrueuses" envers lesquelles on serait conscient, mais il incite à de légers gauchissements dans nos meilleurs niveaux et ceux-ci s’installent et vont ensuite nous faire dévier jusqu’à l’extrême sans entraîner de vigilance ni de réaction de notre part.

9- Au contraire, le terme qui ouvre la paracha ("chéla’h lékha, envoie-pour toi") indique que Hachém sait que les intentions de Moché sont pures et droites et que, en ce sens, on peut envoyer une mission car elle ne devrait porter que de bons fruits.

10- En ce sens, Moché s’interroge, à partir des noms des explorateurs pour savoir si eux-mêmes n’ont bien que des racines personnelles droites et quand des doutes s’élèvent en lui au cours de cet examen, il est assuré que Yehoshua est d’une ligne qui, elle, ne déviera pas et qui sera préservée par le nom de Y-A, comme ce nom a été utilisé dans la lutte contre Amalec (Bamidbar Rabba 16, 9). De même, Ribbi Yaâqov Abou'hatsékha montre, en ce sens, qu'il se passe sur ce point pour Yehoshua ce qui se passe pour le Lévi dans le peuple d'Israël. Le Lévi n'a pas de possession et il représente ainsi tout le meilleur d'Israël qui devrait vivre en totale confiance envers Hachém. Ainsi Yehoshua est lune, n'ayant aucune lumière par soi-même mais recevant la lumière du soleil Moché, et recevant toute la lumière. De même, si les autres explorateurs défaillent, la lune Yehoshua recevra toute la lumière portée par les racines pures de chacune des tribus représentées par les explorateurs. Quand Yehoshua et Caléb reviennent sans avoir trahi, alors que les autres ont trahi, eux se dressent au nom de toutes les racines pures de tout le peuple, ils affirment (lire 13, 30 etc). Mais ils ne le font pas en leur nom personnel, ni pour leur caste, ni pour leur clientèle, ni pour leur famille, mais pour le peuple, pour Hachém, pour la Torah et, à travers cela, pour le

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bien de toute la Création comme cela est le plan de D-eu.

11- Nous comprenons par là qui fut Caleb : c'est lui qui interrompit le rapport des espions et non Yehoshua car ce dernier eût pu craindre qu’on le soupçonna alors de vouloir devenir le chef du peuple en entrant dans la terre promise.

12- Une autre faute des explorateurs fut de laisser entendre que les mérites du peuple de Canaâne étaient plus grands que ceux du peuple d’Israël, argument encore utilisé de nos jours concernant le droit d’Israël à habiter sa terre, tant par des Juifs que par des non-Juifs. C’est contre cet argument que ripostèrent Yehoshua et Caleb (14, 9). 13- Dépassés par leur argument pervers, les méraglim allèrent jusqu’à dire que le mérite des habitants était plus fort que... Hachém lui-même (mimménou, que Lui, en 13, 31). Dans Maguide Mécharim, Rabbénou Yossef Caro se pose des questions supplémentaires: 14- n’est-ce pas Hachém lui-même qui aurait envoyé les explorateurs? 15- aurait-on pu comprendre, par le fait même du rapport à réaliser après l’exploration, que Moché aurait proposé de ne pas entrer dans la terre si elle ne s’était pas révélée être une terre propice? 16- n’est-ce pas la demande même de fournir un rapport qui a développé un doute dans le peuple?

Conclusion de l'analyse globale Rabbénou Yossef Caro conclut de son examen que le peuple a mis à l’épreuve Hachém de façon répétée jusqu’à ce que eux-mêmes aient suscité le verdict qu’ils n’entreraient pas dans la terre d’Israël. Mais Hachém, dans sa grande bonté a cherché le moyen de susciter un retour du peuple à de meilleurs sentiments, voilà pourquoi Moché a agi comme il l’a fait, espérant que ce processus entrainerait une bonne réaction : il a donc envoyé les meilleurs des Sages qui étaient parmi le peuple ; mais cette tentative a échouée pour la plupart. Pourtant Yehoshua et Caleb ont sauvé la situation. Une minorité fidèle suffit à réveiller le coeur de l'ensemble.

Il reste un point particulier: nos Sages insistent sur le fait que Hachém a été prêt à pardonner toutes les fautes de Son peuple mais pas celle-là qu'ils ont accomplie contre la terre d'Israël et il les a fait mourir dans le désert pour ce crime. A réfléchir longuement.

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Remarque Il est impressionnant de voir combien nos Sages de tous les siècles ont passé au crible tous ces textes sur notre difficulté à assumer le passage en terre d'Israël. Pourtant ils n'avaient pas la possibilité de s'y rendre avec la même facilité que nous.

Chaque génération de Sages a su combien ces problèmes sont profonds et ne relèvent pas seulement des conjonctures politiques temporaires, mais se reproduisent de siècles en siècles suivant les avatars des situations historiques changeantes. Mais une seul est sûre, jamais les Juifs n'ont failli dans tous ces millénaires, jamais ils ne se sont déssaisi de cette terre par laquelle D.ieu les a choisis pour une mission. Nul n'a droit ni pouvoir de s'en déssaisir. " Et Haarets (la terre d'Israël) tu ne la vendras pas pour toujours car elle est A MOI (votre D.ieu) et vous n'y êtes QUE des étrangers domiciliés CHEZ MOI (Lévitique, Vayiqra 25, 23).

Le commentaire de Ribbi Ména’hem Azaria Le Chla présente le commentaire de Ribbi Ména’hem Azaria décrivant le message véhiculé par cette scène célèbre. La perche (mote) est un mot composé des deux lettres (mém, téit) qui correspondent en hébreu au nombre 49 et de la lettre vav. Ce nombre 49 situe bien la situation présente : le peuple revient des 49 niveaux d’impureté de l’Egypte, il doit les retourner en niveaux de pureté en atteignant le 50e niveau qui sera donné par l’adjonction de Hachém qui est le 1. C’est là que va se jouer la confiance envers Hachém et la droiture du cœur car ces hommes connaissent bien leur tradition et les miracles par lesquels Hachém les a sauvés. Cela est exprimé par l'écriture hébraïque.

- Le 1 est représenté par la forme de la lettre vav qui s’écrit pleinement vav aléf vav et non pas vav vav seulement. Si on sait que le vav est la 6e lettre de l’alphabet et joue le rôle du nombre 6 en hébreu, alors la scène devient encore plus lisible : les explorateurs devaient être 12 effectivement comme les deux vav, et ils devaient revenir non pas avec un vav composé uniquement d’eux seuls (vav vav soit 6 + 6 = 12) mais avec un vav plein (vav aléf vav) uni à Hachém qui est l’élément intérieur et invisible (aléf) qui relie chacun aux autres (vav aléf vav). (Expliquons: le 13 est la caractéristique des 13 qualités de bontés de Hachém, c'est le nombre hébraïque du mot

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é'had qui le qualifie, ainsi que du mot ahava dont il est la seule source ; comme preuve traditionnelle, cherchez ces mots dans le verset du Chémâ Yisraël et dans le premier mot qui le précède ahava et dans le premier mot qui le suit, véahavta. Faits à cette image, nous devons penser avec les 13 règles de raisonnement). Cela veut nous dire que, dans leur témoignage, les espions ont exprimé ce qu’ils ont vu, avec leur divergences, mais ils ont supprimé faussement - la manifestation de Hachém qui les avait sauvés pendant tout le périple, - la vision qu’ils avaient eu que les habitants avaient, par leur conduite, perdu les droits temporaires d’occuper la terre. Ils ont supprimé délibérement ce message donné par Hachém et, ainsi, ils supprimaient de l'histoire humaine Hachém lui-même; alors le peuple les a suivis et s’est rebellé contre Lui. Ce débat pour une histoire juive faite avec Hachém selon la conscience séculaire de notre peuple, ou en ramenant notre peuple à la seule identité commune aux autres peuples est un débat qui continue dans notre génération dans l'Israël d'aujourd'hui, aussi bien que dans la difficulté pour une grande partie du peuple de rejoindre sa spécificité de peuple vivant Sa Torah sur Sa terre. Nous sommes tous pris par ces débats au même titre. Et même la montée en Israël ne règle pas une fois pour toutes le débat dans la vie de chacun. Les méraglim supprimaient ainsi la source de vie et, sortant de la vie, ils devinrent euxmêmes les victimes de leur machination car ils s'éloignaient de la source de vie et périrent. En hébreu, alors, le terme "mote" veut dire aussi “ébranlement, effondrement”.

Cet enjeu de la protection divine qui allait intervenir pour son peuple était tellement clair que Rachi dit au nom de Caléb et Yehoshua :

- “Hachém est avec nous, alors montons et même si nous devions monter sur des échelles jusqu’aux cieux, nous réussirions”, âlo naâlé : afilou vachamayim véhou omér âssou soulamote vaâlou cham ; Rachi sous-entend : “car c’est Hachém qui va nous mener”. Rachi, à Troyes, disait cela, c'est la beauté de la fidélité juive, c'est son drame continu. Ayons conscience du don unique que les autres générations n'ont pas reçu de cette possibilité de mettre les actes en cohérence avec le coeur, la tête et les mots. Par leur manœuvre, les méraglim ont brisé l’union équilibrée qu’il doit y avoir entre notre monde et Hachém comme cela était avant la chute d’Adam et qu’ils auraient pu restaurer. C’était le sens de la demande de Moché : “y-a-t-il un arbre là-bas ?” ; cela veut dire : y

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a-t-il l'arbre de la vie comme dans le paradis ; auprès d’Avraham, il y avait un arbre sur cette terre qui révèle la qualité des gens qui y passent ; allez-y, leur dit indirectement Moché, et vous verrez par cet arbre que les habitants de ce pays ont déjà perdu leur ombre (leur force vitale et d’existence) et ce que chacun de vous est, s’y révélera. L’histoire l'a bien montré. La terre d'Israël fait toujours révéler le coeur de chaque homme, et le monde entier s'y révèle. Comme le dit le texte : "c'est une terre qui dévore ses habitants", c'est-à dire qu'elle détruit les masques et révèle chacun. La différence est maintenant translucide entre les témoignages différents des espions (n'assumez pas cette terre et vous aurez la paix) et ceux de Yehoshua et Caléb (cette terre est difficile car beaucoup nous l'a disputent, mais nous y sommes reliés par toutes les preuves et promesses de notre histoire car Hachém est fidèle) montrent bien leur différence d’âme.

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LA MITZVA D'ALYA Par Rav Benjamin David

Au sujet de la mitzva d'alya, qu aurriez vous a repondre aux etudiants de yeshiva qui oppose au textes de Ketoubot le tossfot dans la meme page qui propose de conditionner la mitzva d alya par l application des mitzvot du a la terre (tlouyot baarets) et qui affirme que maimonide ne decompte pas la mitzva d’alya dans le mishné tora

Que repondre a ceux qui malgre la clarte des textes a ce sujet opose les fameux :"on peut tout interpreter a sa maniere" ou bien "il faudra verifier les commanta teurs"?

Le Ramban (Nah'manide) dans sa critique sur le Séfer Amitsvot (Mitzva 4) exprime explicitement que "le fait d'habiter en Israël est une Mitzva positive qui est en vigueur à toutes les générations. Cette Mitzva concerne chaque juif même au temps de la Galout, comme cela est expliqué dans le Talmud". Aucun des Richonim (Rabbins du Moyenâge) n'a contredit les paroles du Ramban. La seule source qui semble dire le contraire, nous la trouvons dans les paroles de Rabénou Haïm, rapportées dans les Tossefot dans le traité de Ketoubot (Kétoubot 110B). La Guémara nous dit: Si un homme désire monter en Eretz Israël, mais que sa femme refuse, le mari a l'autorisation de divorcer de sa femme sans lui donner, comme c’est le cas généralement, la somme inscrite sur la Kétouba. Puisqu'elle refuse de le suivre, c’est elle qui est la source de ce divorce et n'a donc pas le droit à des indemnités. Dans le cas contraire où la femme désire monter en Israël et que c’est le mari qui refuse, elle peut l'obliger à lui donner le Guet (acte de divorce) et il lui donnera en plus des indemnités, car il est à l’origine du divorce. Et la guémara de continuer: si un esclave désire monter en Israël alors que son maitre ne le veut pas, cet esclave peut exiger de son maitre soit de le suive en Israël, soit de le revendre à un autre maitre, qui est sur le point de faire son Alya. Cette Guémara se résume en ces termes: Chacun peut obliger l'autre à monter en Eretz Israël alors que personne ne peut obliger l'autre à quitter Israël.

Dans son commentaire sur ce passage, le Tossefot dit: "Ces Halah'ot ne sont pas en vigueur de nos jours, car il y a un danger sur les chemins. On ne peut donc pas obliger l'autre à monter en Israël". Le Tossefot rajoute ensuite les paroles de Rabénou Haïm, qui aurait dit que, de nos jours, il n'y a pas de Mitzva d'habiter en Israël car il y a plusieurs mitsvots qui sont en rapport avec le travail de la terre et la consommation des fruits, Mitsvot Atélouyot Baarèts, et qu’il nous est difficile d'appliquer". Selon ses paroles, il semble qu'il n'y ait pas de Mitzva en soit de monter en Israël, mais que cela n'est qu'un moyen d'appliquer les Mitsvot Atélouyot Baaréts. Nous pouvons aussi

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comprendre que la Mitzva d'habiter en Israël est conditionnée par l'application des mitzvot dûes à la terre. Cependant cette conclusion est en contradiction avec les autres passages du talmud, à tel point que des grands rabbanim, eux aussi de l'époque des Richonim, en ont conclu que ces paroles ne pouvaient pas être de Rabénou Haïm. Elles auraient certainement été retranscrites par un élève qui se serait trompé. Ce sont les propos de Rabbi Yossèf Mi Trani (le Mabit) qui présente plusieurs objections dans son Responsa (Reponsa du Mabit (tome 2, réponse 28)):

A) Le Roche, Rabbénou Acher, est un des derniers Baalé Atossafot. Il a lui même écrit un commentaire intitulé “Tossefot Aroche” et il a écrit un autre livre qui résume les conclusions des différents commentaires des autres Baalé Atossafot. Dans ces deux ouvrages, le Roche ne rappelle pas les paroles qu'aurait dit Rabénou Haïm. Bien au contraire, le Roche ramène notre guémara comme étant en vigueur aussi aujourd'hui.

B) Selon le judaisme, tous les biens matériels d'un couple appartiennent au mari. Une femme n'a donc pas l'obligation des mitsvot qui sont en rapport avec la terre, car la terre appartient au mari. Si le but de s'installer en Israël est d'appliquer ces mitsvots, il semble donc insensé qu'une femme, qui elle-même en est exemptée, puisse obliger son mari à monter en Israël afin qu'elle puisse les appliquer. Il y a donc apparement une autre raison de monter: La Mitzva de vivre en terre sainte!

C) Même si nous considérons que la femme doit aussi appliquer les mitsvot de la terre puisqu'elle appartient au couple, cela n'est pas vrai pour l'esclave rapporté dans cette même Guémara. Il n'a aucune part dans la possession des terrains de son maitre. Il ne peut en aucun cas appliquer les Mitsvot Atélouyot Baaréts, et pourtant il a le pouvoir d'obliger son maitre à monter en Israël ou de lui permettre de monter. Ce pouvoir n'a donc aucun rapport avec le fait de respecter les Mitsvot Atélouyot Baarets. Il provient donc de la Mitzva de vivre en Israël . D) Rabénou Haïm aurait dit qu'en ces temps de galout, il est difficile de respecter ces lois. Le Maarit qui lui-même habitait en Israël ne comprend pas en quoi cela est plus compliqué qu'avant. “Qui empêche les juifs de respecter ces mitsvots ?”

Tous les autres rabbanim du Moyen-âge, vont dans le courant du Mabit. Ils pensent qu'il y a une Mitzva d'habiter en Eretz Israël, même après la destruction du temple, et que cette Mitzva n'est pas dépendante du fait qu'une partie des mitsvot qui sont en rapport avec la terre a perdu de son statut de Mitsvot Déorayeta (de la torah) et est passée à un statut de Mistvot Dérabanan (lois dont l’autorité vient des rabbanims).

Le choulh'an Arouh' (Yoré Déa 267, 94), rapporte les paroles du Talmud: "Un esclave peut obliger son maitre à monter en Eretz Israël ou à le vendre à un autre maitre qui monte en Israël ". Rabbi Yosséf Karo, conscient de notre débat sur la question, rajoute cette remarque qui sort de l'ordinaire: "cette loi est en vigueur à toutes les époques, même aujourd'hui alors que la terre est aux mains des non juifs". Sur ce, le Gaon de

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Vilna (Yoré Déa 267,commentaire 161) indique que le choulh'an Arouh' a tranché la halah'a à l'encontre de l'opinion que Rabénou Haïm aurait exprimée.

Le Pith'é Téchouva (Even Aézer, 75, alinéat 6) s'est aussi interrogé sur la question. Sa conclusion est aussi que de nos jours il y a Mitzva d'habiter en Israël et que “D'après tous les Richonim et Ah'aronim, un homme peut obliger sa femme à monter en Israël, comme nous le prescrit la Guémara”.

Cette même idée est exprimée par le H'atam Sofer dans son responsa (H'atam Sofer, Yoré déa 234): "Il est certain que la terre d'Israël est préférable à tous les autres pays, quelle que soit l'époque…La loi par laquelle un mari peut obliger sa femme, (ou le contraire), à monter en Israël, n'a pas de rapport avec les Mitsvot Atélouyot Baaréts. Le fondement de ces lois est la sainteté de la terre…La sainteté de Jérusalem ne dépend pas des Mitsvot mais du fait qu'elle est la porte des cieux depuis la nuit des temps, alors que les Yévoussim (Jébuséens) et les Cananéens habitaient encore cette terre. La providence divine n'a pas bougé et ne bougera pas du Kotel Amaaravi (mur occidental) même si le temple est en ruine… En conclusion (dit le H'atam Sofer) : à l'unanimité, la sainteté de la terre d'Israël et de Jérusalem, est éternelle. Elle y reste depuis la nuit des temps et jusqu'à jamais. Elle ne changera pas." La Mitzva d'y habiter est donc indépendante des autres mitsvot. Cela a aussi été exprimé par l'auteur de la célèbre prière, Léh'a dodi, Rabbi Chélomo Elekabets dans son livre Brit Alevy.

LA MITZVA D'HABITER EN ISRAËL - L'OPINION DU RAMBAM:

Dans son livre intitulé le Séfer Amitsvot, le Rambam recense la liste des mitsvot qui, selon la tradition, sont au nombre de 613. Il est étonnant que la Mitzva d'habiter en Eretz Israël ne fasse pas partie du décompte du Rambam. Doit-on en conclure que le Rambam considère que cela n'est pas une Mitzva?

C'est en effet la conclusion du Meguilat Esther, qui explique, entre autre, que le Rambam aurait laissé cette Mitzva de côté car "elle ne serait en vigueur qu'au temps de Yéhoshua et David, et tant que le peuple juif n'a pas été exilé. A partir du moment où il se trouve en Diaspora, cette Mitzva n'est plus en vigueur jusqu’à la venue du Mashiah ». Les propos du Meguilat Esther ont cependant été très critiqués par les autres commentateurs. Dire que le Rambam aurait effacé de son livre cette Mitzva, car n'étant pas pratiquable avant la venue du mashiah', semble ne pas aller avec les concepts du Séfer Amitsvot. En effet, le Rambam n'a pas établi uniquement la liste des mitsvot praticables à notre époque. Nous trouvons aussi un grand nombre de mitsvot qu'il est impossible d'accomplir aujourdh'ui, comme par exemple la Mitzva de construire le temple (Sefer Amitsvot Mitzva positive 20), ou la Mitzva selon laquelle les cohanim doivent préparer la Kétoret, encens spécial pour le temple (Sefer Amitsvot Mitzva positive 28)… Pourquoi le Rambam aurait-il recensé celles-ci et non celle d'habiter en Israël?

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L'étude des Halah'ot écrites par le Rambam lui-même, dans le Michené Torah, démontre qu'il pensait, sans le moindre doute, qu'habiter en Israël est une Mitzva en vigueur encore aujourd'hui. Quelques exemples :

1. La guémara (Baba Kama 90B) dit qu'un juif qui désire acheter une maison en Eretz Israël, a le droit de faire écrire le contrat d'achat par un non-juif le jour de Chabbat, alors qu'il lui est interdit, dans tous les autres cas, de demander à un non-juif de réaliser un travail interdit le Chabbat. La guémara conclut qu'à cause de l'importance de cette Mitzva de Yichouv Aarets -habiter en Israël- les rabbanim n'ont pas inclus ce cas précis dans cet interdit. Les Baalé-Atosafot précisent même que cela est autorisé, parce que cette Mitzva est primordiale. Il ne faut donc pas repousser cette vente, même de quelques heures, de peur que le non-juif ne se rétracte et ne vende plus sa maison. Si le Rambam pensait que cette Mitzva était caduque, il aurait certainement précisé dans son livre que, de nos jours, il est interdit de demander à un non-juif de signer pour nous un contrat. Mais il ne l'a pas fait. Au contraire, il reprend au pied de la lettre les paroles de la Guémara (Chabbat chap 6,11).

2. A propos de l'esclave qui veut monter en Eretz Israël, le Rambam conclut que "même de nos jours, alors que la terre d'Israël est dominée par des non-juifs", il peut obliger son maitre à monter en Israël ou à le vendre à quelqu'un qui va s'y installer (Yad Ah'azaka, Avadim chap 8,9.). Là aussi le Rambam ne restreint pas uniquement cette Halah'a à l'époque messianique.

3. Il en est de même pour ce qui est du couple. Lorsque l’un des époux refuse de monter en Israël, l'autre peut l'y obliger ou bien lui imposer le divorce. Une fois de plus, le Rambam ne précise pas que cette halah'a n'aura force de loi qu'après la rédemption d'Israël (Yad Ah'azaka, Ichoute, chap 13, 19-20.).

Conclusion: Il est difficile de prétendre que le Rambam considère que la Mitzva de Yichouv Aarets dépend de la venue du mashiah'. C'est, entre autres, la critique qu'a fait le Avené Nézer (Responsa Avené Nézer, partie Yoré Déa, 454) sur les propos du Meguilat Esther.

Notre première question n'est toujours pas résolue. Si le Rambam considère l'habitat en Eretz Israël comme une Mitzva, pourquoi ne l'a t-il pas écrite dans son livre et ne l'a t-il pas comptée dans les 613 mitsvot?

Dans l'introduction au Sefer Amitsvot, le Rambam explique selon quels critères certaines mitsvot entrent dans le décompte des 613 et d'autres n'y entrent pas. Le rambam explique par exemple que les commandements divins qui sont exprimés en termes généraux ne font pas partie du groupe des 613 . Selon ce principe, le commandement "soyez saints", n'est pas décompté car il ne s’agit pas d'un acte

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spécifique, mais du désir que les juifs définissent leur vie par rapport à toutes les mitsvot, ce qui les rendra saints. "Il n'y a pas de différence entre dire Soyez saints et Préservez les mitsvots dans leur ensemble". Le Rav Kook explique que, pour cette même raison, le Rambam n'a pas compté la Mitzva d'habiter en Israël. Le Orah' H'aim dit dans son commentaire sur la torah (devarim 30,20) que cette Mitzva comprend toutes les autres mitsvot. De même le midrache (Sifré parachat Réé) dit que cette Mitzva "équivaut à toutes les autres mitsvot". Un autre midrache (Sifré parachat Ekev) précise: "Bien que je vous exile loin d'Israël, continuez à garder les mitsvot, de sorte que lorsque vous y reviendrez, elles ne soient pas nouvelles à vos yeux." Rachi explique ce passage dans son commentaire sur la torah: "Même en dehors d'Israël, continuez à mettre les tefilins et les mezouzot pour ne pas oublier". Sur ce, Rabbénou Béh'ayé (Ibn Pékouda) développe: "Même si nous devons continuer à pratiquer les mitsvot en dehors d'Israël, y compris celles en rapport avec notre corps, comme les téfilins, nous apprenons des paroles des rabbanim que le principal reste bien de les appliquer en Terre Sainte." Le fait d'habiter en Israël n'est donc pas une Mitzva de plus mais donne une signification à toutes les autres mitsvot que nous pratiquons. Elles retrouvent là leur vraie valeur. On peut donc considérer cette Mitzva comme une Mitzva générale qui ne rentre pas dans le décompte du Rambam. Il n'a donc pas ôté cette Mitzva parce qu’elle n'était pas importante, mais au contraire parce qu’elle est la base du reste des mitsvot et qu’elle ne se compare pas aux autres.

La centralité de cette Mitzva se retrouve aussi dans un autre passage du Rambam, à propos de la Mitzva d'établir un calendrier juif basé sur le cycle lunaire (Séfer Amitsvot Mitzva positive 153). Le Rambam y explique que toutes les mitsvot dépendent de la présence de juifs en Eretz Israël. En effet selon notre tradition, le Roch H'odech, premier jour du mois, doit être fixé par le grand tribunal rabbinique de Jérusalem. La déclaration du nouveau mois, qui est une Mitzva, ne peut être faite qu'en Eretz Israël. De nos jours, alors que nous n'avons pas encore rétabli ce grand tribunal rabbinique, il nous est impossible d’appliquer ce commandement. Notre calendrier actuel est basé sur les comptes qu'avait déjà effectué ce tribunal rabbinique à l'époque du temple. Cependant cela n'est pas suffisant. Pour que ce compte ancestral prenne force de loi pour les juifs du monde entier, il faut que des juifs en Eretz Israël définissent les mois selon cette tradition. Les calculs ont été établis il y a deux mille ans, mais ce sont les juifs qui habitent actuellement en Israël et leur tribunal rabbinique actuel qui donne la force juridique à notre calendrier. Le Rambam rajoute que " s’il s'avérait qu'il n'y ait plus aucun juif en Eretz Israël et plus de tribunal rabbinique, que D… nous en préserve, tous les calculs du calendrier perdraient de leur force. Il serait alors impossible de définir quand commence le prochain mois, et toutes les fêtes, basées sur le calendrier, s'annuleraient! Le H'atam Sofer (H'atam Soffer, responsa partie Yoré Déa, 234) explique que même si toute l'élite intellectuelle et spirituelle du peuple juif devait se retrouver en éxil et qu'il ne restait en Eretz Israël que de simples bergers ou paysans, ce seraient eux uniquement qui pourraient instituer les débuts de mois, et par cela la date des fêtes. Même les plus grandes sommités rabbinique en dehors d'Israël ne peuvent pas définir quel jour

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tombera le jeûne de kippour ou la fête de Pessah! S'il ne reste pas de juifs en Eretz Israël, toutes les fêtes s'annuleront, et par cela toute la torah, et ensuite le peuple juif s'effacera. Cependant, selon la promesse divine à nos patriarches, le peuple juif est éternel, ce qui nous promet qu'il y aura toujours des juifs en Eretz Israël. Et même s’ils ne sont que de simples bergers analphabètes, toute l'existence du peuple juif à travers le monde dépendra d'eux!

Une fois de plus, nous voyons que d'après les écrits du Rambam, la Mitzva de Yichouv Aarets n'est pas une Mitzva comme les autres mais qu’elle est la base de toutes les autres mitsvot et la base de l'existence du peuple juif. C'est donc une Mitzva générale que le Rambam n'a pas rentrée dans le compte des 613 mitsvots.

(pour plus de détails: voir le livre Ayélet Achah'ar dur rav Yaakov Alevy Filber).

La Halakha demande à chacun d'habiter en Israël. La mitzva d'habiter en Eretz Israël

"Vous prendrez possession du pays et vous y habiterez car c'est à vous que j'ai donné le pays afin que vous en preniez possession." (Nombres 33, 53)

Abraham est le premier a qui Hachem a indiqué que son devoir c'était de se rendre en Eretz Israël. Le péché pour lequel les juifs dans le désert ont été puni très sévèrement est justement celui de monter en Eretz Israël. La Torah est pleine de la centralité d'Eretz Israël, la place nous manque ici pour être exhaustif.

Sur le plan de la Halakha, la Torah dit, à deux reprises, dans la Paracha de Masseé (Nombres 33,59) et dans celle de Devarim: Vous prendrez possession du pays et vous vous y installerez car c'est à vous que j'ai donné le pays pour que vous en preniez possession.

Le Ramban explique que ce verset nous enseigne qu'il est un commandemant positif d'habiter en Israël et il ajoute explicitement que cette Mitzva est valable en tout temps même pendant les périodes d'exil.(Ramban sur la Torah, parachat Masseé et commandment 4,, parmi ceux non comptés par Maïmonide.

Le Sifri ajoute que ce commandement vaut tous les commandements de la Torah. (Sifri sur Deut. 12,29)

Maïmonide (Lois des Rois chapitre 5) exolicite qu'il est interdit de quitter Israël sauf pour trois circonstaces particulières, étudier la Torah se marier et se sauver en cas de danger, mais ajoute-t-il il faut revenir en Eretz Israêl.

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Il ajoute encore qu'en toutes circonstances un homme doit habiter en Eretz Israël même dans une ville à majorité non juive et ne doit pas habiter en dehors du pays même dans une ville à majorité juive. (id.)

Le Radbaz (id.) s'étonne comment se fait-il donc que Maïmonide lui-même s'est installé en Egypte. Il explique qu'il s'afgissait d'un cas de force majeure. Il raconte que lui-même le Radbaz, avait séjourné en Egypte où il avait transmis la Torah aussi pour des raisons de force majeure, mais que finalement il était retourné en Israël.

En effet, à l'époque du Rambam, bien entendu l'Etat d'Israël n'existait pas et il était plus que difficile, d'habiter dans le pays.

Le Choulh'an Aroukh légifère également dans la matière et dit que pour accomplir la Mitzva de l'occupation du pays, il est autorisé le Chabbat de demander à un non juif de signer le contrat. C'est la seule Mitzva pour laquelle il est permis de demander à un non juif de faire un travail le Chabbat. (Maïmonide Lois du Chabbat, 6,11 et O.H. 306)

Dans Even Haézer au chapitre 75, le Choulh'an Aroukh rapporte que dans un couple l'homme ou la femme peut contraindre son conjoint de monter en Israël. En cas de refus, celui qui désire monter peut forcer son conjoint au divorce.

Cette loi est extraordinaire surtout lorsqu'on sait tous les efforts qui sont faits pour maintenir la paix familiale.

Les commentaires expliquent que la raison de cette Halakha si sévère est bien le fait qu'habiter en Israël soit une Mitzva.

Le Hatam Sofer, un des tout grands décisionnaires, pense qu'il y a m^me une Mitzva particulière d'habiter à Jérusalem.

Pour terminer citons le Rav Ovadia Yossef à qui l'on avait posé la question de savoir s'il fallait obéir à ses parents qui ne permettaient à leurs enfants de monter en Eretz Israël:

La Mitzva d'habiter en Israël est sans pareils, car elle vaut tous les commandements de la Torah, et en particulier lorsqu'on s'y installe pour accomplir la Mitzva et y appliquer les préceptes liés à la terre. C'est pourquoi si son père lui interdit de monter il ne faut pas l'obéir. A plus forte raison que celui qui a le mérite d'y vivre n'a pas le droit d'écouter son père qui lui demande de descendre du pays, car la Mitzva d'habiter en Eretz Israël repousse la Mitzva du respect des parents. En particulier les parents euxmêmes ont l'obligation de monter et s'installer en Eretz Israël. (Yehavé Daat Livre 4 question 49)

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Lettre ouverte à mes frères de France - par le Rav Zermati

Chers frères juifs de France,

Cette Missive de Jérusalem notre capitale éternelle, vous est adressée. Cela fait des années qu’elle attend d’être envoyée au-delà des mers et continents, de notre sainte Terre d’Israël, mais aujourd’hui elle ne se contient plus, elle boue et veut bien s’envoler.

Les derniers événements tant en Israël qu’en France m’encouragent de façon définitive à lancer cet appel du plus profond de mon âme, et c’est bien aux âmes juives de France qu’il s’adresse. Le peuple juif, où qu’il se trouve, entre ainsi de façon encore plus accélérée dans la dernière phase de sa rédemption. Un stade où toutes les obscurités s’éclaircissent, un moment où la lumière se fait intense, celui du rassemblement de tous les exilés.

La dernière guerre dite de « Rosh Hashana » menée en Israël face à nos pires ennemis, les événements dramatiques qui se déroulent dans plusieurs communautés juives dans le monde : les Etats-Unis, l’Argentine mais surtout et essentiellement la France, ne sont qu’un même processus Divin de réalisation de son projet en Terre d’Israël. Au même moment, juifs vivants en Israël et ceux résidants encore en France sont appelés à se battre pour défendre une foi commune celle du judaïsme et de la Torah, celle du droit et du devoir de se réaliser en tant que véhicule du message Divin.

Ceux d’Israël avant et après la création d’un Etat sur notre Terre ne sont voués qu’à la réussite, car ceci est la volonté de l’Eternel, sa Terre et son peuple. Ceux de France, sur une Terre étrangère définitivement hostile ne pourront que repousser désespérément une indubitable conclusion, celle qu’un juif fier qui se veut partie intégrante du destin de son peuple ne pourra plus, a fortiori depuis la création de l’Etat d’Israël, ignorer.

Ces signes flagrants figurant dans nos livres saints hurlent leur véracité et actualité, existe-t-il entre nous certains dont la vue les tromperait ? un juif Français peut-il encore vivre sur une terre ou la moitié de ses habitants lui est hostile ? Un juif vivant en France ne ressent-il pas la fébrile volonté d’être lui aussi, ainsi que ses enfants et descendants, acteur dans le théâtre d’opérations de la réalisation de la prophétie Divine, qu’est la Terre d’Israël ? Un juif de la communauté française continuera-t-il à se ronger sang et âme en observant à travers un écran opaque la haine et les mensonges par l’intermédiare desquels on veut salir ses frères d’Israël ? L’histoire du peuple juif en exil n’est-elle pas pour nous tous d’une clareté limpide, ce dernier chapitre ne s’inscrit-il pas tout à fait dans son cadre trivial après la Choah et le retour du peuple en Terre Sainte?

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La communauté juive de France, si riche en patrimoine, si sage dans cette dure et double expérience qu’est l’exil ne peut échouer cette fois -ci face à l’exigence Divine. Vous autres aussi, pères et enfants du désastre de l’exil des communautés d’Afrique du nord, ayant connu fuite et destruction, pour une reconstruction momentanée sur les bases des ruines du passé, ne peuvent accepter une seconde fois que ce soit le destin qui vous poussent à répondre à la voix stridente du Choffar. C’est non pas en tant que juif poursuivi par son histoire et ses requêtes, mais bien en tant qu’Hébreu maitre de son avenir que cette décision doit-être prise.. celle de monter et nous rejoindre en Terre d’Israël ! Cet état que l’Eternel nous a rendu vous attend et appartient, notre patrimoine commun ne peut plus nous séparer, la haine de ceux qui s’opposent à notre saint peuple ne vient que renforcer l’amour commun que notre Torah nous enseigne. J’appelle aujourd’hui tous nos frères juifs de France à prendre de façon déterminée la décision sage et irrévocable d’entreprendre leur Alyah en Israël.

Des centaines de milliers de juifs originaires de France ayant vécu le même processus de réflexion, décision, réalisation et intégration sont prêts et disponibles à toute aide nécessaire de France et bien sûr en Israël. Il y a de cela une dixaine d’années, nousmême avons crée dans un des plus attrayants quartiers du sud de Jérusalem, le quartier d’Arnona, une communauté Nord-Africaine basée sur nos coutumes ancestrales qui est prête à vous accueillir.

Cette communauté n’est pas la seule à Jérusalem ainsi que dans d’autres villes d’Israël, mais je me trouve personnellement disposé à proposer aide et soutien à toute famille ou simple personne désirant s’y intégrer.

De nombreux appartements à louer ou acheter y ont été aussi récemment construits. Toutes sortes d’intégration y sont possibles : l’oulpan Etsion à proximité, des écoles ou Talmudei Torah pour enfants, des centre d’études etc. .De façon plus générale nul n’est sensé ignorer le fait que le gouvernement d’Israël ait fixé comme une des priorités nationales l’Alyah des Juifs de France et leur intégration, et y octroyé malgré ses difficultés économiques tous les moyens pour réussir. La destination et l’endroit de l’Alyah sont de façon naturelle et à juste titre, importante voire primordiale mais l’avenir ainsi que les dangers d’un refus de prise de décision sont bien plus à prendre en compte. Toute ville en Terre d’Israël, toute communauté où qu’elle se trouve, ouvrira j’en suis certain ses portes pour vous accueillir à bras ouverts et vous intégrer de façon complète. Je vous invite, vous prie ou vous supplie de prendre contact avec moi ou avec l’un de mes collaborateurs afin d’envisager très prochainement un voyage, une visite, une dernière préparation à ce Retour à vous même, à nous-mêmes !

Que l’Eternel vous protègent et que le mérite de nos Saints pères et Maitres spirituels vous soit source de réflexion et bénédiction, Amen.

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